RDC : le plus dur commence pour Tshisekedi
Félix Tshisekedi s’est donc installé ce jeudi 24 janvier 2019 dans le fauteuil présidentiel. Le cinquième président de la République congolaise a prêté serment au palais de la Nation à Kinshasa devant une foule immense en liesse en présence de certains chefs d’Etat africains. Après la fête, c’est maintenant que le plus dur commence pour le nouveau président dont l’élection a été contestée par une partie des Congolais et même par l’église catholique.
Malgré la polémique suscitée par sa victoire, Félix Tshisekedi reste et demeure le nouveau président de la République congolaise. L’Union africaine et l’Union européenne ont d’ailleurs fini par reconnaitre même si c’est du bout des lèvres, la victoire du fils d’Etienne Tshisekedi au terme de la présidentielle du 30 décembre dernier. Au nom de la Realpolitik, tout le monde veut même collaborer avec le nouveau président de la République congolaise. Plus de problème donc pour le nouveau président en ce qui concerne sa reconnaissance sur la scène internationale. Plusieurs personnalités parmi lesquelles, des chefs d’Etat ont pris part à la cérémonie de passation de pouvoir. Mais le plus dur c’est sur le plan national avec les nombreux défis qui l’attendent : chômage des jeunes, lutte contre l’impunité, lutte contre la corruption, lutte contre la pauvreté, lutte contre les violations des droits de l’homme, retour de la sécurité, désarmement des nombreuses milices qui opèrent dans l’Est. Le chantier est bien vaste dans ce pays continent où presque tout est à reconstruire. Le plus urgent, c’est la marque Tshisekedi que le nouveau président doit imprimer dans un système bien verrouillé par les Kabila. En témoigne, la primature, le parlement et certains secteurs clés comme l’économie avec le secteur minier et la sécurité qui seront toujours contrôlés par le président sortant et ses proches. Comme on le voit, la marge de manœuvre du nouveau président est à priori limitée et tout porte à croire qu’il pourrait s’agir d’une fonction honorifique. Le cas échéant, cela constituerait une grosse déception pour les héritiers d’Etienne Tshisekedi le père fondateur de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) qui revendiquent près d’une quarantaine d’années de lutte pour la conquête du pouvoir. Cela conforterait également la position de ses anciens alliés de l’opposition qui depuis sa volte-face en novembre 2018 à Genève, le prennent pour un traitre. Un pantin disent ses détracteurs pour son rapprochement du camp Kabila. Conscient de ces nombreux défis, le nouveau président dans son discours a pris l’engagement d’apporter de solutions aux problèmes auxquels est confrontée la RDC. Le président sortant et l’entrant ont tout au long de la cérémonie affiché une complicité qui en dit long sur leur volonté d’avoir un Congo uni. Félix Tshisekedi a même rendu de vibrants hommages à tous ses prédécesseurs y compris Mobutu Sese Seko. Il n’a pas oublié non plus les candidats malheureux de la présidentielle du 30 décembre 2018 dont Martin Fayulu le vrai gagnant du scrutin selon l’église catholique. Cette passation de pouvoir civilisée comme on le dit là- bas constitue malgré tout, une leçon pour les autres pays de l’Afrique centrale dont les populations veulent vivre aussi pareil événement. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo confortablement assis dans le fauteuil présidentiel dispose de cinq ans pour prouver à l’opinion nationale et internationale et surtout à ses détracteurs, qu’il est bel et bien l’autre Tshisekedi.
Maurice Mahounon