GUINEE BISSAU
Nino Vieira et Tagme Na Waï sont morts, rien n’est réglé
Depuis ce lundi 2 mars 2009, la crise qui secoue la Guinée Bissau a pris une nouvelle tournure. Le président Joao Bernado Vieira a été exécuté au lendemain de la mort dans un attentat à la bombe du chef d’Etat major. Selon certains témoignages, 24 heures après ce carnage, la situation serait redevenue calme. Vrai ou faux ? Mystère. Ce qui est certain, c’est que la disparition du président de la République et du Chef d’Etat major ouvre la voie à une nouvelle crise dans ce pays habituée à des convulsions politico- militaires aussi violentes que soudaines…
Par Maurice Mahounon
Assassinat politique, coup d’Etat militaire, trafic de drogue, guerre civile, l’histoire politique de la Guinée Bissau depuis l’indépendance dans les années 70, ressemble à celle d’un drôle d’Etat. Une zone grise où le chaos devient la norme.
Pourtant, la CEDEAO, la CPLP la Communauté des Pays de Langue Portugaise, l’Union africaine, sans oublier bien sûr, les Nations Unies volent à chaque fois au secours de ce pays dont la plupart des cadres civils et militaires sont des apprentis sorciers de la politique. A cela s’ajoute, la « complotite aigue » dont ils souffrent.
Apparemment, les nombreux efforts de la communauté internationale, n’ont rien donné. La Guinée Bissau est restée fidèle à sa logique : crises politico-militaire- instabilité politiques- violences sanglantes.
En moins d’une dizaine d’années, trois chefs d’Etat majors de l’armée ont été assassinés : Ansumane Mane en 2000, Verissimo Correia Seabra en 2004 et Batista Tagme Na Waï en 2009 avec à la clé, un président de la République exécuté. A l’origine de ces nombreuses poussées de fièvre dont la Guinée Bissau est coutumière, le pouvoir.
Chaque camp veut user de son influence pour le conquérir.
D’abord, les militaires. Très influents dans le processus décisionnel, ce sont les dirigeants Balantes, ethnie majoritaire dans l’armée qui bénéficient de leur soutien. Kumba Yala malgré, son bilan calamiteux à la tête du pays a longtemps bénéficié du soutien de l’armée qui a fini par le renverser en 2003. Mais il demeure toujours influent dans le pays.
Ensuite, les narco trafiquants. Solidement implantés au sein de l’armée, ils étendent les ramifications de leur réseau depuis l’Amérique du Sud et bénéficient du soutien des différents cartels de la région.
Le dernier soubresaut qui prend l’allure d’un coup d’Etat perpétré ces dernières 48 heures porte les germes d’éventuels règlements de compte.
Mais en attendant, la CEDEAO, la CPLP et l’Union africaine se bousculent déjà pour tenter d’administrer une nouvelle thérapie à la maladie bissau guinéenne. En tant de crise, la politique ne donne pas congé à la diplomatie.
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